L'importance de la santé intestinale

La paroi intestinale, une bonne clôture

La paroi intestinale n’est pas une surface lisse. Elle est composée de 4 enveloppes formant des villosités très finement plissées. La muqueuse est la couche interne de la paroi intestinale qui sécrètent notamment le mucus protecteur sur le lequel vivent les bactéries bénéfiques du microbiote.  

La muqueuse intestinale est un immense filtre dont le rôle est de laisser passer les nutriments (vitamines, minéraux, acides aminés, acides gras…) mais aussi d’empêcher la pénétration de molécules néfastes (composés toxiques, bactéries, virus…). Les cellules qui la constituent se serrent entres elles comme des sardines pour assurer une fonction de barrière. On dit qu’elles forment des jonctions serrées.

Cependant, lorsque la muqueuse intestinale est altérée et enflammée, il y a une distension des jointures, ce qui engendre une porosité intestinale. L’intestin devient une véritable « passoire », c’est le phénomène d’hyperperméabilité intestinale.

Le rôle premier du tube digestif est d’absorber tous les nutriments nécessaires à notre survie mais il a également une fonction essentielle : nous protéger des agressions infectieuses. En d’autres termes, il agit comme une véritable barrière de défenses immunitaires.

Quel est le lien entre microbiote et immunité ?

Le microbiote intestinal s'est révélé être un régulateur crucial du développement et de la fonction des cellules immunitaires. Les microbes intestinaux et les mammifères ont co-évolué et cohabité pendant des millions d'années et présentent un degré élevé de mutualisme. Nous leur fournissons un habitat et de la nourriture et en retour, ces micro-organismes régulent pour nous diverses fonctions physiologiques tout en  nous conférant une immunité protectrice contre les agents pathogènes.

80% de notre système immunitaire est localisé dans le système digestif. Ces cellules immunitaires sont directement en contact avec ce que nous avons ingéré et nous protègent des virus, bactéries pathogènes et parasites. Toutefois, il fait la différence entre « ennemis » et « amis » car il laisse vivre en paix les milliards de « bonnes » bactéries qui colonisent notre intestin.

En effet, notre système immunitaire réagit contre les microbes pathogènes en activant une réponse inflammatoire, tout en tolérant les bactéries bénéfiques. Par exemple, les Bifidobacteries et Lactobacilles sont considérés comme bénéfiques, contrairement à certaines espèces d’Escherichia coli qui sont considérées comme pathogènes. Ainsi, on comprend bien que notre intestin est équipé d’un système de surveillance attentif des communautés bactériennes, afin de maintenir notre défense.

Pour comprendre la relation entre le microbiote intestinal et l'hôte, il convient de répondre à la question suivante : Comment le système immunitaire permet-il une colonisation microbienne tout en maintenant la capacité d'identification et d'élimination des agents pathogènes ?

Avant la naissance, le système immunitaire d’un fœtus n’est pas encore complètement développé. En effet, dans le ventre de sa mère, le fœtus est dans un milieu stérile, ses intestins n’ayant pas encore été colonisés par les micro-organismes. Dans les secondes qui suivent la naissance par voie basse, le tube digestif du nouveau-né est colonisé par les micro-organismes du vagin de la mère, ceux de sa peau ainsi que de l’environnement dans lequel il se trouve. Il y a une compétition entre toutes ces bactéries mais il n’y aura pas de place pour tout le monde, seules celles capables de se nourrir des sucres du lait maternel, vont prédominer.

À la naissance, le système immunitaire du nouveau-né est dit naïf, c’est-à-dire qu’il est en phase d’apprentissage. Il va apprendre à tolérer les micro-organismes. On parle alors d’immunité adaptative. Le dialogue entre hôtes et bactéries, initié lors de la colonisation intestinale à la naissance, est indispensable à la maturation de la barrière immune intestinale et à son maintien tout au long de la vie.

La grande majorité des informations sur les fonctions immunitaires du microbiote proviennent des études comparatives entre des souris axéniques (stériles, sans microbiote) et leurs homologues élevées classiquement en animalerie. Ces travaux ont démontré le rôle essentiel joué par le microbiote dans le développement et la maturation du système immunitaire, et donc sur ses fonctions. Les animaux axéniques ont en effet de nombreuses anomalies au niveau de leur système immunitaire intestinal.

Il existe donc bien, une « Coévolution » entre le Microbiote qui a colonisé l’intestin et le système immunitaire, qui est en fait, « éduqué », par ces premiers colons.