Le désequilibre de la flore intestinale

Vers le déséquilibre de votre flore intestinale : la dysbiose

Le système immunitaire permet une relation symbiotique avec le microbiote commensal en maintenant une homéostasie non inflammatoire. Cet état de tolérance repose sur de multiples mécanismes tels qu'une barrière muqueuse physique minimisant le contact avec l'épithélium et la sécrétion de protéines antimicrobiennes et d'immunoglobuline A. Malgré l'absence d'inflammation, le système immunitaire détecte et contient constamment le microbiote intestinal.

Toutefois, les modifications de la composition du microbiote intestinal affectent ses fonctionnalités et sont fortement associées avec certaines pathologies telles que les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), le syndrome de l’intestin irritable mais également, l’allergie, l’obésité et les maladies métaboliques.

La dysbiose est le terme employé pour qualifier le déséquilibre au sein des populations bactériennes du microbiote intestinal. Cette dysbiose impacte non seulement la flore bactérienne dans sa richesse, mais aussi dans sa diversité. C’est donc un véritable bouleversement de l’écosystème intestinal qui entraine une perte des fonctionnalités du microbiote intestinal. Une liste importante de modifications microbiennes a depuis été documentée chez les patients atteints de MICI.

Les déséquilibres observés dans les MICI touchent les phyla bactériens dominants avec une forte diminution des bactéries du phylum Firmicutes associée à une augmentation des bactéries du phylum Proteobacteria. L’apparition de cette dysbiose pourrait être associée à la prolifération de pathogènes opportunistes, tels qu’une souche particulière de Escherichia coli ayant la capacité de coloniser la muqueuse de l’intestin d’environ 30 % des patients atteints de maladie de Cohn.

Dans le cas des MICI, on observe à la fois une diminution de la diversité microbienne et du nombre de microorganismes. Plus récemment, des signatures bactériennes fortement associées, mais surtout prédictives d’autres pathologies telles que l’obésité ou les maladies métaboliques ont été décrites.

La dysbiose est donc étroitement liée aux inflammations et au syndrome métabolique.  Le changement d'abondance relative entre différents phylums peut entraîner l'apparition d'une inflammation chronique. Par exemple, l’augmentation des protéobactéries sont souvent corrélés aux nombreuses maladies telles que le diabète, la stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) et la stéatohépatite non alcoolique (NASH), les troubles du comportement, les maladies cardiovasculaires. De même, l'augmentation du nombre de protéobactéries peut entraîner une augmentation de la perméabilité de l'intestin (intestin poreux). Ainsi, une prévalence accrue de protéobactéries pourrait constituer une signature diagnostique potentielle de la dysbiose.

Le diabète de type 2 serait lié à des quantités plus élevées de lactobacilles et à des quantités plus faibles de Roseburia. De même, les patients atteints de diabète de type 2 présentait bien moins de F. prausnitzii que les individus en bonne santé.

Chez les personnes obèses, la population microbienne de Firmicutes a tendance à augmenter, tandis que celle des bactéroïdes a tendance à diminuer.

Les patients atteints de NASH présentaient également une abondance accrue de bactéries productrices d'alcool, ce qui pourrait augmenter les taux d’alcool au niveau du colon, ce qui entraîne par voie de conséquence des lésions hépatiques.

 

 

Ce qui altère la composition du microbiote chez l’adulte

Bien que la symbiose entre l’hôte et son microbiote ait été établie depuis la naissance, la forte présence microbienne sur la muqueuse intestinale représente en quelque sorte une « épée de Damoclès » pour l’hôte. C’est pour cela que le système immunitaire intestinal a été éduqué dès la naissance pour tolérer ces microorganismes.  Lorsque votre microbiote est en équilibre, vous vous portez bien mais c’est un équilibre qui peut être rompue lorsque vous avez un mode de vie qui ne respecte pas les paramètres qui régissent votre santé. Par exemple :

  • Une trop forte consommation de sucres rapides, de protéines animales, de viandes grillées associés à une faible consommation de légumes crus provoque une inflammation des intestins.
  • La présence de parasites (nématodes, oxyures) perturbe l’équilibre du microbiote intestinal
  • Les conservateurs, additifs contenus dans les aliments transformés détruisent votre microbiote et nourrissent les mauvaises bactéries et autres levures. De même, les pesticides et métaux lourds retrouvés dans certains fruits et légumes ainsi que dans les poissons pélagiques altèrent progressivement la composition du microbiote intestinal.
  • Les médicaments tels que les médicaments anti-reflux ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, aspirine) abîment le revêtement muqueux de l’intestin.
  • Les antibiotiques à large spectre attaquent les bactéries quel que soit leur nature. Ils sont également présents dans la nourriture que nous consommons (viandes et poissons d’élevage).

 

 

De nombreuses maladies ou un stress modéré peuvent entraîner des variations réversibles de la composition du microbiote intestinal. En d’autres termes, une gastroentérite altèrera notre microbiote de façon transitoire mais reviendra à sa composition bactérienne dominante au bout de 6 mois.

Toutefois, la prise régulière de pilules contraceptives, la prise d'un antibiotique même une seule fois, le stress, la pollution et un régime alimentaire riche en sucre et en aliments transformés perturbent l’écosystème microbien.

La dysbiose déclenche des mécanismes qui déséquilibrent l'homéostasie intestinale et provoquent une inflammation. C’est également une opportunité pour les bactéries indésirables de s’installer e de croitre…, augmentant ainsi la dysbiose.

En petites quantités, les bactéries qui tentent d’essayer de franchir la barrière intestinale, sont éliminées par l'action des cellules spécifiques, dans un intestin humain sain.  Mais un nombre élevé de bactéries envahissantes sur une épaisseur de mucus réduite, provoquent une surexpression de cytokines pro-inflammatoires, qui endommagent l'épithélium intestinal et provoquent une inflammation intestinale chronique. L'inflammation chronique intestinale est associée à plusieurs troubles métaboliques.